Présidentiellement vôtre

Editorial  » S’il vous plaît dessine-moi un ballon »

Tous les goûts sont dans la nature
car comment autrement qualifier cette aventure
de vouloir fêter un anniversaire
au Maroc par une traversée du désert.

Acquis aux bienfaits du tourisme équitable
qui de nombreux projets assure le financement,
ce fut une expérience inoubliable
alors qu’au départ,ce n’était pas l’enthousiasme débordant.

Ce fut le second jour au petit matin
qu’il apparut surgissant de derrière une dune sans raison
et sollicita en ces termes un dessin :
« s’il vous plaît,dessine-moi un ballon »

Surpris par l’arrivée de ce petit garçon
je lui dessinai le ballon de foot de Boussoufa.
 » Non,pas celui-là, me dit-il je ne l’aime pas :
c’est un artiste peut-être mais il prend trop de cartons »

Déçu,il me quitta jurant bien de revenir
me laissant le désert de sable,le désert de pierres à découvrir
comme cette réelle solidarité qui sans hésiter
vous fait la dernière gourde d’eau partager.

Comme attendu,le troisième jour au lever du soleil,
il m’accompagna dans tous les rites du réveil :
magie de l’éphémère, magie du désert,
je le vis arrivé sur le dos d’un dromadaire.

Moins ambitieux,je lui dessinai la petite balle jaune de Kim et de Justine
jaillies des temps passés,comme de la lampe d’Aladjin.
« Non pas celle-là me répondit mon petit ambassadeur,
je ne pense pas qu’elle apportera le bonheur. »

Peu à peu, dans le sable, je commençai à délirer
persuadé que mon pett bonhomme,je ne pourrai contenter.
Telle l’épreuve du feu affrontée au quotidien,
je me trouvai, au mileu du désert,dans un débat cornélien.

Sans trop réfléchir,je lui dessinai un ballon ovale
il me rétorqua « assurément,ce n’est pas banal
mais ce sport n’est pas encore ancré dans nos traditions
il sera difficile d’en assurer la promotion. »

Nous arrivâmes presque au bout du voyage,
dessiner des ballons devenait un mirage
comme le puits qu’Hamid,le guide,vantait la localisation
pour nous faire avancer sans trop mettre la pression.

A l’hôtel « mille étoiles », ce fut une dernière nuit sans sommeil,
le silence du désert me tint en éveil :
je m’étais promis de trouver une solution
au risque de passer pour un homme sans imagination.

Cette fois,je me lançai dans le dessin de notre ballon orange
super me dit-il celui-ci il m’arrange :
c’est le symbole du fair-play,du respect de l’autre,de la solidarité
tels qu’ils se doivent des vestiaires transpirer.

Heureux, soulagé, un peu ému
je me sentis mieux auprès de ce peuple si proche et encore inconnu
en gardant la conviction que le sport sur la terre entière
fera fraterniser Européens, Arabes et Berbères.

Ah toi,Saint-Exupéry quand je te relis
au sortir du désert,dans la ville de Marrakech
tu avais bien raison quand tu écrivis :
que « seuls les enfants savent ce qu’ils cherchent. »

A vendredi !

Jean-Pierre Delchef